<<<<<<< ••
>>>>>>>
précédent — — — suivant
Psychologie
de la connaissance
Pascal Nouvel, L’Art d’aimer la science,
Puf, 2000.
II, Un genre d’émotion que seul le scientifique peut éprouver,
p.15-16.
« Dans le Ménon, Platon met en scène un petit esclave à qui
Socrate fait découvrir par d’habiles questions, une propriété élémentaire
des surfaces, et rectifier par là une erreur commune. […]
Le récit laisse entendre que la connaissance de l’esclave au sujet
de la surface du carré est la même que celle de Socrate une fois
l’erreur rectifiée. Or, c’est ce point précisément
que nous avons lieu de contester en suivant la direction particulière
du regard que nous ouvrent les considérations évoquées précédemment.
La connaissance que l’esclave acquiert par le chemin que lui fait suivre
Socrate n’est en fait pas la même que celle que Socrate a du même
sujet. Non pas parce que Socrate et l’esclave n’ont pas la même
notion de carré et de surface, mais parce qu’à cet instant,
ils n’éprouvent pas du tout l’un et l’autre la même
chose au sujet de cette connaissance : Socrate éprouve cette connaissance
comme le moyen d’une démonstration touchant la théorie des
idées, l’esclave, lui, éprouve la même connaissance
comme une découverte. Il n’ignore pas, sans doute, que cette découverte
il n’est pas le premier à la faire, mais pour la première
fois, il comprend quelque chose dont il ne s’était jusque-là vraisemblablement
jamais avisé. Ce n’est pas la même connaissance parce que
la pensée qui la reçoit et qui la considère n’est
pas animée des mêmes mouvements, des mêmes sentiments à l’égard
de cette connaissance. […]
Nous engagerons la question de la science à partir du concept de sentiment.
Nous tenterons une incursion dans un ancien problème avec un nouveau concept.
En faisant usage d’un nouveau concept (un nouveau point de vue), c’est
le problème dans son ensemble qui se trouve modi
[retour]