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La part maudite, Georges Bataille : avant-propos


 

[retour à la page à table : Économie générale/Économie restreinte]

Ces notes ne sont pas destinées à éviter au lecteur la rencontre avec le texte de Bataille. Au contraire ! Je les ai écrites pour accompagner ma lecture et je les mets en ligne en imagineant que ce travail en devenir pourra avoir quelque utilité (!!!). Elles seront donc périodiquement modifiées.

Avant-propos 

Il s'agit d'un « ouvrage d'économie politique » même si l'angle de vue choisi n'envisage pas les faits « à la manière des économistes qualifiés ». D'où l'embarras de Bataille lorsqu'il était questionné sur ce projet-là.

Cet angle de vue, c'est celui d'une « économie générale »

« …une “ économie générale” ou la dépense (la “consumation”) des richesses est, par rapport à la production, l'objet premier. »

Comment comprendre ce que Bataille va entendre par économie générale ?

C'est un « mouvement » qu'il va étudier, et il précise : « celui de l'énergie excédante, traduit dans l'effervescence de la vie ».

Selon Bataille, ce problème est premier pour les disciplines qui envisagent « le mouvement de l'énergie sur la terre » (comme la physique du globe, l'histoire, la biologie…) mais pas seulement : l'art, la littérature, la poésie sont également concernés.

La part maudite est un essai qui va aborder cette question « en dehors des disciplines particulières ».

Bataille mesure le paradoxe de son entreprise :

  • L'objet d'étude (la dépense excédentaire) ne peut être distingué du sujet qui l'étudie.
    « En effet, l'ébulltion que j'envisage, qui anime le globe, est aussi mon ébullition. Ainsi cet objet de ma recherche ne peut-il être distingué du sujet lui-même, mais je dois être plus précis : du sujet à son point d'ébullition. »

  • Le travail accompli est en contradiction avec les thèses du livre :
    il tend à « accroître la somme des ressources humaines » alors qu'il mène à la conclusion que « la richesse accumulée n'a de valeur que dans l'instant ». Il demande autant de raison, de froideur, du calcul, qu'il n'en dénonce les méfaits.

Bref, La part maudite est un livre que personne n'attend et c'est peut-être tant mieux :

« … ce mouvement violent, de brusque surprise, qui bouscule et retire à l'esprit le repos : une sorte de renversement hardi, la substitution d'une dynamique, en accord avec le monde, à la stagnation des idées isolées, des problèmes têtus d'une angoisse qui ne voulut pas voir. Comment sans tourner le dos à l'attente aurais-je pu avoir cette extrême liberté de pensée qui égale les notions à la liberté de mouvement du monde ? »

Des solutions issues de la sagesse traditionnelle côtoieront des affirmations déroutantes. C'est donc toujours une « pensée mise au niveau des jeux de forces contraires au calcul commun » qui sera à l'œuvre et pourra porter vers des solutions plus générales, selon lesquelles « ce n'est pas la nécessité mais son contraire, “le luxe” , qui pose à la matière vivante et à l'homme leurs problèmes fondamentaux ».

La part maudite devait avoir une suite. Toutes les questions soulevées par le problème posé n'y seront pas étudiées. Bataille y a posé ce qui était nécessaire pour saisir sa pensée.

Par exemple, il remet à plus tard l'analyse de l'angoisse, pourtant si importante, car c'est par là que l'on peut repérer l'opposition de « deux méthodes politiques » :

« … celle de la peur et de la recherche anxieuse d'une solution, mêlant à la recherche de la liberté les impératifs les plus opposés à la liberté ; celle de la liberté d'esprit, qui découle des ressources globales de la vie, pour laquelle, dans l'instant, tout est résolu, tout est riche, qui est à la mesure de l'univers. »

L'angoisse ne suffit pas et cependant elle est nécessaire pour poser les « problèmes politiques » dont la solution nécessite « en un point la levée de cette angoisse ».
Les « propositions politiques » auxquelles aboutit Bataille sont liées à une telle « attitude lucide ».

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